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«Comment construire un atlas géographique européen», par Marc-Antoine Nuessli (post-doc DHLab, EPFL)

Marc-Antoine est collaborateur scientifique au DHLab, en charge de la formalisation du contenu d’un ensemble de cartes historiques. Le projet qu’il présente ce jour est né d’une activité alimentaire qu’il a exercée en parallèle à la rédaction d’une thèse sur le suivi oculaire.

Projet «Cartes 21»

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Carte historique européenne vers l’an 500

Le corpus de Marc-Antoine Nüssli est constitué de 21 cartes historiques réalisées par l’entreprise Euratlas et consacrées au bassin européen entre l’an 1 et 2000. Ces cartes ont des caractéristiques particulières telles qu’un découpage temporel équidistant (en siècles), une aire géographique identique et une documentation exhaustive des sources historiques qui ont permis leur compilation.

Destinées à la recherche d’avantage qu’à la diffusion auprès du grand public, ces cartes sont soumises à l’examen critique d’une communauté d’utilisateurs exigeants. Historiens et géographes ont besoin d’accéder facilement à la réponse d’une question telle que « Pourquoi la Bretagne n’est elle pas considérée comme indépendante sur cette carte » ou « Sur quelles sources basez-vous votre positionnement de  la frontière du pays de Habsbourg ? ».

Consciente des attentes que son produit éveille, Euratlas s’est associé avec l’EPFL dans un projet d’amélioration de son produit. Il s’agit d’un projet important qui occupera une trentaine de personnes sur 2-3 ans.

Ontologies et chaudron magique

« Accéder à la transparence intellectuelle d’un atlas historique digitalisé » : Afin d’atteindre le but qu’il se fixe, Marc-Antoine Nüssli propose de formaliser l’ensemble du contenu (visuel) et des sources (bibliographie) dans le cadre d’une ontologie.

Courantes dans le monde des classifications médicales, les ontologies sont encore peu utilisées dans le domaine de l’héritage culturel. Grace à elles il est envisageable de permettre à un système automatisé (un ordinateur..) de saisir le sens des choses. Ainsi lorsqu’une fraction de la réalité est décrite par ce biais (par exemple une suite de documents historiques), il devient possible d’extraire une information propre à une date, un territoire ou un type d’évènement spécifique, d’effectuer des recoupements, détecter des incohérences ou de découvrir des régularités.

Marc-Antoine Nüssli propose un codage basé sur le modèle de référence conceptuel CIDOC dédié aux sources historiques et culturelles.

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Exemple de formalisation de la réalisation d’une statue en bronze à partir d’un original en plâtre d’Honoré de Balzac, réalisé par le sculpteur Rodin.

La formalisation touche autant des évènements historiques (voir ci-dessus) que le découpage géographique en polygones (et leur mise en correspondance).

Le système de formalisation est particulièrement complexe ; l’un des enjeux du projet est de fournir un des d’interfaces qui permettent aux historiens et géographes de l’alimenter de manière conviviale.

Exemple de découpage en entité politiques/administratives.

Capture d’écran 2013-02-12 à 15.56.06Bénéfices attendus

Le système en cours de construction devra à terme permettre à l’utilisateur de générer une carte correspondant à n’importe quelle date, de privilégier certaines sources plutôt que d’autres (lorsqu’elles sont conflictuelles) et d’extraire le détail des sources historiques qui définissent chaque segment ou caractéristique du territoire observé.

Le système se veut ouvert afin d’accueillir les données de manière cumulative, en fonction de l’apparition de nouveaux documents.

Capture d’écran 2013-02-12 à 15.56.21

Représentation de la fréquence des mutations politiques par interpolation des informations territoriales des 21 cartes de l’atlas périodique Euratlas (bleu = stabilité, rouge = instabilité)

Discussion

Ce vendredi, le débat était encore enrichi par la présence de Francesco Beretta, chargé de recherche au CNRS et responsable du Pôle méthodes du Laboratoire de recherche Historique Rhône-Alpes. F. Beretta a par exemple aiguillonné l’assemblée en déclarant « « Qu’avant 1800 le sens donné aux frontières n’est pas celui qu’on leur donne aujourd’hui, dans la mesure où l’organisation spatiale était soumise à des rapports de pouvoir complexes ».

Les interventions ont ainsi pointé des aspects qui touchent l’arbitraire qui peut se camoufler dans les catégories retenues dans l’ontologie, tout comme la nécessité d’inclure de manière précoce les historiens lors de sa constitution.

La discussion qui a suivi la présentation de Marc-Antoine Nüssli a une nouvelle fois démontré la diversité des points de vue des participants du groupe expérimental PhD HD. Pour plusieurs d’entre eux (dont le rapporteur), l’opération de conceptualisation des informations historiques et spatiales vers une ontologie et leur concrétisation par l’entremise d’un instrument cartographique relève quelque peu de l’opération magique. A l’inverse, certains questionnements sur le degré d’objectivité qu’un tel outil permet d’atteindre ont généré quelques irritations, lesquelles ont débouché sur un débat fort animé à la cafétéria…

Pour continuer:

Vision of Britain (http://www.visionofbritain.org.uk)

GEO–LARHRA (http://geo-larhra.ish-lyon.cnrs.fr/)

Euratlas (http://euratlas.net)

Critique du post-modernisme (http://fr.wikipedia.org/wiki/Impostures_intellectuelles)

Rédigé par Andréas Perret, responsable d’unité de recherche à FORS et doctorant (SSP, Unil)


5 Comments

  1. Critique du post-modernisme ?

    • Andreas Perret says:

      Ahem.
      La référence concerne un bout de la discussion (hors-séance et in-cafeteria). Le propos portait sur la possibilité (et la pertinence) de faire coincider des évènements lointains sur base de la date de leur occurrences.

      Le protagoniste A lançait;
      - Ca n’a pas beaucoup de sens, le concept “d’année” étant socialement construit.

      B répondant quelque chose proche de:
      -Le découpage temporel en années est un fait scientifique qui n’a pas à être soumis à interprétation. Le relativisme social m’énerve et ses tenants devraient relire “Impostures intellectuelles”

      D’où la note (Un peu calpilotractée, je veux bien) menant au bouquin de Bricmont et Socal.

  2. [...] La démarche s’inscrit dans le cadre des humanités digitales, en cela qu’elle allie à la composante historique l’usage d’outils computationnels, notamment pour l’analyse de réseaux. Les différentes étapes d défrichage d’archives sont documentées : en plus de décrire une partie du fonds du CICI, le contexte de travail (qui, jour, lieu, etc.) est relevé. Cet aspect du travail du chercheur a déjà été évoqué auparavant dans notre séminaire, notamment dans la présentation de Marc-Antoine Nüssli sur les ontologies. [...]

  3. […] carte réalisée par un chercheur de l’Université de Lausanne, Marc-Antoine Nuessli (Comment construire un atlas géographique européen). Le géographe a modélisé vingt et une cartes de l’atlas Euratlas depuis l’an 1 […]

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